A l’heure où tu me lis je suis à Londres avec mon amoureux. Pas que je kiffe de ma la péter mais ça te permet de situer. J’ai quand même tenu à te laisser un petit mot ici. Même si les seules obligations que j’ai sont celles que je me crée. Hier ça a fait 5 ans qu’on s’est pacsé avec mon amoureux. 7 ans que je l’aime, 5 ans qu’on a signé un papier pour l’affirmer. & 3 ans et 10 mois qu’on a une preuve tangible, & vivante sous le nez pour nous le rappeler. Pas que je veuille te raconter ma vie, juste que je voulais te dire qu’un jour avant tout ça, où j’ai dit à une amie J’ai abandonné l’idée, tout ça n’est pas pour moi ça ne m’arrivera jamais. Je suis presque sûr que tout est arrivé quasiment au moment où j’avais abandonné l’idée. Qu’est ce qu’on attend? Je ne sais pas mais si on arrête d’attendre on ne le saura jamais (dans En attendant Godot de samuel Beckett). Oui tu auras bien noté aujourd’hui je cherche grave à me la claquer.
Bref, je vais faire court. Je suis à Londres.
Je vais donc en profiter pour te faire un rapide résumé de la conférence à laquelle j’avais eu la chance d’assister. Une conférence sur l’entrepreunariat PUNK donnée par Fabien Hein, maître de conférences en sociologie, à l’Université de Lorraine. Oui ça va je te vois déjà arriver avec ton sourire en coin et ton air de ne pas y toucher. Mais tu vas voir qu’on peut se tromper parfois et qu’il est parfois super bon de l’avouer. Je suis sortie des clichés grâce à lui. Depuis cette conférence je sais que c’est ce modèle d’entreprise que je veux développer. Alors oui, je porte des doc Marten’s à pois. Mais bon ça ne suffit pas à faire un punk, tu avoueras. La PREMIÈRE chose que j’y ai appris c’est que NO FUTURE n’est pas une occurrence pessimiste du TOUT. NO FUTUR est une expression tronquée qui signifiait NO FUTURE FOR THE MONARCHY. Pas NO FUTURE tout court.
Tu noteras aussi que l’expression DIY ou Do It Yourself vient du PUNK. Alors quand tu vois comment Glamour, Elle et autres magasines féminins se sont emparés du terme pour annoncer une NOUVELLE tendance ça fait doucement rigoler. Fabien Hein a basé sa conférence sur un texte de Malcolm Mac Laren Vulgate Punk. Je vais tâcher de te retranscrire mes notes. Tu m’excuseras d’avance ce sera peut-être approximatif mais comme tu es intelligente je sais que tu saisiras l’idée. Et puis les conférences c’est comme les horoscopes hein. on en retient ce qui nous arrange. Dans le DO IT YOURSELF il y a l’idée de passer à l’action. Et l’idée que tout le monde peut agir (tu me vois venir?). Chacun y est en capacité de faire et touche à toute la chaîne de production culturelle. OUI parce qu’on parle principalement d’industrie du disque en parlant entrepreneuriat punk. Mais tu vas voir que tu peux facilement faire des ponts avec l’entrepreneuriat tout court. Dans le DIY il y a:
- La culture de la participation
- La démocratisation des pratiques culturelles
- La Démystification des processus de production culturelle
L’entrepreneuriat punk c’est la culture de la débrouille. C’est être indépendant. Arrêter de consommer comme un idiot en ouvrant le bec et en gobant tout (Laurent des Béru). C’est être créatif et non pas destructif. Et c’est faire par ses propres moyens. Tu sais c’était une de ces conférences où tu voudrais noter chaque phrase en disant Ça c’est fait, Mais oui c’est ça, ça c’est fait, ça c’est fait, mais OUUUIIIIII. Jouissif quoi. L’entrepreneuriat punk c’est aussi passer à l’action sans l’aval d’une autorité. Cela se cristallisera ensuite dans le DIY. L’entreprise jusqu’en 1970 était un modèle de domination. Avec le contexte de crise , Reagan encouragera les gars à se prendre en charge. Le PUNK s’empare aussi de ce mouvement.
- It was easy. It was cheap. Go and do it!
- ActionS speaks louder than words
- Talk wihout action = Zéro
La scène punk servira d’apprentissage. Elle amènera un renforcement de la capacité d’action, de la créativité, de l’émancipation. Etre PUNK c’est être conscient de sa capacité d’agir et de son devoir d’agir. ALLEZ VIENS t’as VU on est des PUNKS. Le DIY c’est une invitation à passer à l’action et c’est aider les gens à le faire. Il y a l’idée de montrer comment on fait pour que les gens puissent ensuite se débrouiller tous seuls. Il y a une volonté pédagogique dans le DIY. L’idée de faire par ses propres moyens, en mutualisant ceux-ci. C’est une économie modeste qui valorise la solidarité.
Le punk rock est un excellent système éducatif pour apprendre aux gens à se former eux-mêmes. Vic Godart
Fabien Hein a cité un livre dont le titre est Book you’re own fuckin’life: a Do It Yourself resource guide. Pour survivre l’entrepreneur PUNK doit accepter l’idée d’une très faible croissance. Il a aussi été question des VALEURS qui sous tendent l’activité. L’acceptation des limites en opposition aux occasions de s’en affranchir. Dans l’entrepreneuriat PUNK se pose la question de rester petit ou de sacrifier ses valeurs en passant chez des grands labels. Voici la partie qui m’a le plus intéressée. Fabien Hein y compare le Mouvement libéral au mouvement libertaire.
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Dans le Mouvement libéral on est dans une logique de croissance, a production se compte en 100 000 exemplaires. L’organisation y est verticale. On y trouve en général plus de 30 salariés qui sont liés par des liens juridiques.
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Dans le Mouvement libertaire (tu peux aussi y lire chez Graine de Carrosse) on est dans une logique de maintien. On tourne autour de 2000 exemplaires (enfin à terme pour moi). On y est dans une organisation horizontale. Il y a un à trois salariés. (Chez GDC, une pas encore rémunérée pour le coup mais je ne compte pas faire seule toute ma vie). Les liens y sont moraux. Il n’y a pas de logique de croissance. Et on y ré-investit dans l’économie locale et solidaire.
Voilà tu as vu même loin, je pense à toi. Remercie aussi la programmation d’un match de foot ce dimanche soir qui t’aura valu une note! Ce qui est cool c’est que je voulais t’en parlé depuis longtemps, voilà l’occasion était toute trouvée. Merci la SYNCHRONICITÉ. je vais bien sûr aller chercher là-bas quelques trucs poétiques, fous & un peu de typo dont je te parlerai sans doute la semaine prochaine. Alors si toi aussi tu es un PUNK dans le dedans de toi-même peut-être qu’un jour tu viendras travailler à Graine de Carrosse. Je n’irai pas jusqu’à te dire qu’on boira des bières en rotant l’alphabet, mais en tout cas tu pourras être sûre d’y être respectée dans tes envies, tes convictions et tes idées. Si tu veux être prévenue au moment où je recruterai tu peux toujours t’inscrire à ma lettre du vendredi. Et en attendant que j’ai les moyens de t’embaucher tu y trouveras au moins des occasions de bien rigoler et aussi de t’émerveiller.
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