Je ne suis pas à un paradoxe près.
Il y a 7 ans, j’ai crée une entreprise que j’ai appelé Graine de Carrosse. 7 ans, c’est un des chiffres MAGIQUE dans les contes. J’ai choisi ce nom pour regrouper ce que je fabriquais, car ma Maman qui était bibliothécaire (oui, oui pendant un temps, j’ai suivi sa voix) avait organisé une exposition sur les Fées dans la Médiathèque où elle travaillait. Inspirée du Magasin Zinzin de Frédéric Clément, elle avait placé dans une vitrine, des Graines de Tournesol avec une pincée de paillettes argentées dessus. A côté, une étiquette indiquait :
Graines de Carrosse
Je ne me rapelle plus trés bien du reste de l’exposition, mais je me rappelle très bien l’effet que ce petit rien m’a fait. Le pouvoir évocateur de ces deux choses que je connaissais séparément: les paillettes et les graines de tournesol.
& l’effet que produisait l’ensemble, parce qu’à côté était écrit: Graine de Carrosse. Juste comme ça faire exister une idée. la matérialiser. La rendre réelle juste parce qu’on a décidé de la faire exister.
OUAHOU quelle belle perspective ça m’ouvrait.
En ce qui me concernait l’idée était plantée. Elle a mis environ 7 ans à germer. & OUAIS. Il faut croire qu’on vit des cycles avec une certaine régularité. Mais avant j’avais à vivre. A AIMER. A croire que j’allais mourir de CHAGRIN, puis à faire le choix de me relever. J’avais à recommencer, pour être certaine que c’était bien ce que je voulais. VIVRE avec tout ce que ça impliquait. Coûte que coûte. & toujours faire le choix de me relever.
& bien crois moi ou pas, il m’aura fallu 7 ans pour semer vraiment des Graines! Je veux dire pas des idées de Graines.
Pas un concept abstrait. Non, de me dire que cette année dans mon jardin, j’allais essayer de faire pousser des trucs. On vit en ville, en plein Centre ville avec mon amoureux et ma fille. Mais il y a 9 ans, quand il m’ a dit :
Ok je suis près, on peut vivre ensemble (& ça n’était pas gagné, je peux te l’assurer, tellement il confondait être en couple & absence de liberté), moi je me suis mise à chercher sans relâche, l’endroit qui serait le nôtre. & j’ai fini pas trouver. A la onzième page d’une agence immobiliaire. Pas de photos, juste un plan. Mais un truc étrange m’avait interpellé sur ce plan. C’était un rez-de-chaussée surelevé. Il y avait une porte fenêtre. & DONC qui disait porte fenêtre disait accés extérieur.
J’ai grandi dans un village de 267 habitants dans les Vosges. Je suis venue à la grande ville, le temps de mes études & pour réparer un coeur brisé & sérieusement endommagé, mais je n’avais jamais envisagé de faire pousser mes enfants en ville. Mais bon, toi & moi on commence à comprendre maintenant, qu’entre ce qu’on décide et ce qui arrive il y a souvent, un truc qui intervient qui s’appelle la réalité. On est allée visiter cet appart, & là! La découverte! Il y avait un jardin attenant dont une partie nous était dédiée. Le reste étant au propriétaire de l’immeuble, mais les locataires nous ont assuré qu’il ne le voyait jamais. Voilà le jardin tel qu’on a visité. Comme dit Stéphane : il faut se projeter. & on a bien fait.
Quand on est arrivé, le 1er juillet pour faire l’état des lieux, voilà ce qu’on a découvert par la fenêtre de notre future chambre.
Bon, celle-ci est une photo récente, je te rassure il n’y avait pas la table déjà installée. Une vigne magnifique, des hibiscus qui fleurissent tout l’été. & nous le jour où on a signé, au milieu des cartons, dans l’appartement que j’allais quitté, on a semé aussi une Graine de bébé. Exactement, ce jour là.
& puis voilà, la VIE qui VA. Je me suis occupée de faire pousser cette graine là. Pendant 9 mois. & puis pendant 6 mois, après, je l’ai regardé germer. Jusqu’au moment, où je me suis sentie vide de projets. Parce que je suis loin de n’être qu’une Maman et que la naissance de ma fille m’avait fait prendre conscience de certaines réalités. J’allais donc laisser ma fille, notre bébé, 10h par jour à garder (à des gens forts compétents, par ailleurs) pour aller me traîner dans un taff, où on m’expliquait très régulièrement, que comme j’étais, ça n’allait pas aller. J’aurais voulu qu’on me parle de ce vide qui peut t’étreindre quand tu as passé une année à fabriquer et à mettre au monde un bébé. & du coup, j’ai retrouvé cette idée. J’ai retrouvé ce blog: Graine de Carrosse où je montrais les cadeaux que je fabriquais, principalement pour ma famille et mes amis, en ayant toujours un peu honte de ne pas offrir un VRAI cadeau. Oui, je sais. C’est Julien, mon amoureux, qui m’a expliqué que ce que je faisais c’était un VRAI cadeau. J’avais du mal à accepter l’idée. Mais revenons-en à nos semis. Si tu suis un peu ce que je fabrique ici, je ne reviens pas sur les 7 années passées. Si je suis venue ici aujourd’hui, alors que je devrais être entrain de me doucher, de faire cuire des pâtes et de préparer mon sac pour aller fêter le fait qu’il y a à peu près 8 ans, ma petite Graine de Malice est née, c’est parce que je voulais quand même te raconter mes découvertes, qui n’en seront peut-être pas pour toi.
J’ai commencé des semis. La première fois c’est grâce à un quit de scientifique de Z&lie (ma fille). Rien à foutre des poupées, elle veut être paléontolgue. POINT. C’est décidé. On avait des graines de capucines à faire germer. Du coup, j’ai acheté des Graines de Courgettes, Graines de Capucines, Graines de Tomate Cerises, malheureusement j’ai pas trouvé de Graines de Mozarella, auquel cas on aurait été au complet. J’ai pris les pots en verre qu’on a tous en quantité au fond d’un placard. J’ai mis du coton au fond. J’ai posé les Graines dessus. Et j’ai mis un film plastique. J’ai posé le tout sur mon radiateur. & j’ai observé.
ATTENTION, à partir de maintenant (si ce n’est déjà fait) je vais énoncer quelques évidences, mais j’ai besoin de les poser. & puis je pars toujours du principe que mes naïvetés peuvent parfois faire écho chez toi. Ou pas.
& bin, figure toi que j’ai découvert quelques trucs intéressants quand tu veux faire germer un idée.
Euh une Graine.
Euh les deux.
& bien figure-toi que dans les mêmes conditions. Placées exactement les une à côté des autres, même lumière, même chaleur, & bien les Graines ne réagissent pas du tout de la même façon. Les graines de courgettes ont germé en deux jours, quand les Graines de Capucines semblaient stagner. AUTRE découverte qui ne va pas changer la face du monde, mais celle du mien oui. Ce qui sort de la graine en premier ce sont les RACINES. Et ce qui reste dans la cosse, et que tu dois dégager au moment des planter ce sont les deux premières feuilles de ton plant. & la Cosse tu peux t’en débarrasser, une fois que la Graine a germé.
Ici mes courgettes. Toutes mises à germer en même temps. & tu vois QUOI? & bin on dirait l’évolution d’une graine dans le temps. Comme quoi, à même GRAINE, pas la même temporalité, je crois. Enfin, je VOIS.
OUAIS. JE SAIS j’en revenais pas.
Du coup, tu peux faire le parallèle avec moi? Oui, la première chose qui sort ce sont les RACINES. Parce que c’est ce qui va permettre à la pousse et ensuite à la plante de s’inscrire dans la durée. MAIS ce qui m’ a surtout stupéfié, c’est que MOI, la meuf qui a une entreprise qui s’appelle GRAINE de CARROSSE, je ne m’étais confrontée, qu’à l’idée et jamais à la réalité de ce que c’est de faire pousser. D’ailleurs, j’ai entendu chez Augustin l’autre jour, une auteur (je ne sais plus laquelle, peut-être dans l’émission avec Posy Simmonds)
qui racontait une blague que les Anglais racontent à propos des Français. Ils disent qu’un français dit :
OK ça marche en PRATIQUE! Mais est-ce que ça marche en théorie?
AH AH AH. Voilà, c’est exactement ce que je n’ai pas fait!
& du coup, comme sans le calculer, j’aime bien aller au bout d’une idée. & comme la vie, cette coquine, t’envoie souvent des façons de creuser, on m’avait demander d’organiser un atelier dans un parc charmant où j’aime aller me promenenr en attendant ma fille qui fait du Yoga (ça ne s’invente pas). Cet événement était intitulé :
Sur un air de Printemps
& la seule commande, était que les enfants repartent avec quelques choses qu’ils avaient fabriqué. & que ça s’adapte au thème. Sinon je faisais ce que je voulais. 15 enfants par heure pendant 4h avec un animateur. Du coup, je leur ai fait fabriqué des Graines diverses et variées pendant l’atelier. Ils devaient aussi m’indiquer l’engrais à utiliser pour la faire germer, et ENFIN me dessiner la plante une fois qu’elle aurait poussé.
Voici, voilà ce que ça a donné. (Evidement tu le sais avec moi, & ce sont les instructions que j’ai donné: les fautes d’orthographes on s’en foutait).
Voici le cadre dans lequel on travaillait.
Voilà. ça fait 7 ans. J’ai bien planté mes racines. Essuyer le vent, le gel, la peur et le froid qui m’ont aidé à renforcer mon système immunitaire. Parfois j’ai stagné au fond de mon terrier. J’ai tendu mes jeunes pousses au soleil pour les réchauffer. J’ai essayé de m’inspirer, ou parfois de copier, les conditions qui réussissaient à d’autres, & j’ai fini par me rendre compte que ce n’était pas les bonnes pour moi. J’ai quitté ma cosse.
J’ai trouvé l’endroit idéal pour pousser à mon rythme, dans les conditions idéales pour moi.
& je continuerai d’exister ICI ou là, pour ceux qui savent, le temps d’un instant, s’arrêter pour regarder ce que ma GRAINE de CARROSSE a donné.
Ceux qui se disent que, puisque j’ai réussi à faire germer ma Graine de carrosse qui n’existe pas, il se peut que ça marche aussi pour leurs graines à eux.
Ceux qui comprennent, tout comme je l’ai fait, que mon environement pour pousser n’est pas le leur, mais qu’en cherchant bien et avec COEUR, ils finiront pas trouver ce qui leur convient à eux.
& je te laisse avec ce dessin que ma Graine de MALICE a fait de ma GRAINE de CARROSSE.
& si quelque chose doit me laisser le SENTIMENT d’aboutissement
& bien tu l’as sous les yeux, dés à présent.