La BRADERIE des MOTS

Renée la machine à écrire revenue du passé

Je te présente Renée-la bien nommée –

La machine à écrire sur laquelle ma grand-mère tapait les devis de mon grand-père

& qui me sert maintenant à faire les étiquettes de

mes Boîtes à MAGIE.

Je t’avais déjà parlé de

l’histoire d’amour de MES GRANDS-PARENTS

une fois.

Ma grand-mère a 99 ans.

 

Elle est hospitalisée. Cette semaine, j’ai dû aller faire le tri dans ses papiers pour remplir des dossiers pour qu’on puisse envisager son futur calmement & avec dignité.
Il y a un truc qui est assez mal foutu dans la vie.
C’est que tu peux t’être pliée en 1000 pour les tiens.
Les avoir régalés de plats divins.
Un jour, vers la fin, tu te rends compte qu’il ne reste plus grand monde pour faire TON BIEN.
C’est assez simple. Dans ce cas précis, il reste mon père & moi.
Ça fait assez peu, si je compare aux tablées, chez mes grands-parents où tout le monde venait se faire servir et manger. Alors je ne te dis pas ça pour faire genre, je suis la meuf sur qui on peut compter. La bonne petite fille bien intentionnée.

Ce serait mentir. La plupart du temps, quand je m’occupe de tout ça, je me demande pourquoi je le fais?

Tu pourrais me répondre: par AMOUR peut-être.
& là, je te regarderais avec un air dubitatif.

 

Par AMOUR sans doute.

Mais le SOUVENIR d’un AMOUR alors.

 

Parce qu’honnêtement, ma grand-mère a été une grand-mère merveilleuse dans mon enfance. Mais après, ça s’est gâté. Ou alors je suis devenue adulte peut-être. J’ai ouvert les yeux. Ma grand-mère est Catholique. Croyante. Pratiquante. & je crois qu’elle en a tiré la conclusion, que si elle disait sur terre, qu’elle kiffait un truc, elle n’irait jamais au Paradis. Du coup, elle a passé TOUTE sa vie à se plaindre. De (feu) mon grand-père. Tout était de sa faute. C’était à cause de lui s’ils ne sortaient jamais. Mon grand-père était plâtrier ET avec le temps je l’ai compris INTROVERTI. Il n’était jamais aussi heureux que quand il était chez lui dans son atelier. Du coup, c’était de sa faute si JAMAIS elle ne sortait.

Puis il est mort.

& c’est TRISTE. C’était le meilleur gars. Il m’a appris à être droite & à le rester. DONC une fois qu’il est mort, elle avait encore une nouvelle raison de tout déplorer. Faut croire que râler ça conserve (même si j’aime moyennement cette conclusion, et que je préfère me dire que c’est parce qu’elle a passé les 50 dernières années de sa vie à manger bio, initiée par mon père & ma mère, rentrés de Bretagne et en plein trip baba-bio-végéto-je-vais-t’expliquer-comment-tu-dois-manger). Jusqu’à la dernière en date, qui était notre arrivage surprise pour fêter ses 99 ans.  Ça se fête quand même non? Je dois préciser que jusqu’à sa chute, il y a un mois,  elle était chez elle autonome. Sans AUCUNE aide. Même si la dernière année, elle était dans le déni complet et que ça glissait doucement mais sûrement (façon polie de dire que faire le ménage chez elle, ce n’était pas que Fleurs & Papillons). Le jour de son anniversaire elle a passé deux heures à déplorer notre présence. Le fait qu’on ne l’avait pas prévenu. Le fait qu’elle n’avait rien préparé (on avait tout amené). Le fait que si, le fait que ça. Jusqu’à ce que je m’énerve en lui demandant si ça l’embêterait de nous CONcéder que ça lui avait quand même fait un peu plaisir qu’on vienne. Ce qu’elle a fait. Avant de reprendre sa litanie. Alors tu peux me dire tout ce que tu sais sur les personnes âgées. M’appeler à  la compréhension. M’expliquer. N’empêche, entendre quelqu’un se plaindre en permanence, ça n’encourage pas à le fréquenter. Avec lesmécontents-permanents (t’en connais) je finis toujours par me dire, que si je ne fais pas bien, je vais plutôt faire comme j’ai envie. Mais il y a le facteur

ÊTRE HUMAIN

que je n’arrive jamais à négliger. Je voudrais m’en foutre comme les autres membres de la famille. Me dire que ça me fout le cafard d’aller à l’hôpital. Où que tu comprends je ne vais pas me déplacer pour rien (celle-ci je crois que c’est le POMPON sur le manège). Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si ça signifiait: tant qu’il n’y aura rien à toucher. Mais j’ai beau me poser la question. Je ne vois pas comment je pourrais ne pas y aller. J’ai fini par me dire que c’est une question d’éthique.

Pourquoi je te parle de tout ça?

D’abord parce que ça parle de LA VIE. Avec tout ce qui va & ne va pas. & ensuite, parce que là, dans le bureau du rez-de-chaussée au mobilier 70’s précieusement conservé. Là, dans la maison entièrement construite  à la main par mon grand-père, j’ai trié. Remis en ordre. & je suis tombée sur des vieux dossiers. Genre le dossier des papiers de l’ACADIANE de leur début. Je pense que si tu lui demandais le ticket d’achat de sa paire de chaussures trop chouette que j’adorais lui piquer quand j’étais petite et que je jouais à la dame, elle ne pourrait pas te le donner. Bah non, vu qu’elle est un peu perdue dans sa tête maintenant. Mais je pense qu’en cherchant bien, on finirait par le trouver.

& moi, pendant que j efaisais ça les mots qui tournaient, tournaient, & tournent encore c’était:

à quoi bon s’encombrer? Quelle absurdité.

& puis entre deux dossiers administratifs, je suis tombée sur un dossier rempli de mes MOTS & de mes lettres d’enfant depuis que je suis en âge d’écrire. & je me suis rapellée que si je suis devenue Marchande de MOTS, c’est un peu aussi grâce à ma grand-mère qui m’a tellement répété le plaisir que lui faisait les petits mots surprises que je lui laissais, quand je partais à la fin de mes vacances chez eux. Où les lettres que je lui envoyais & que je remplissais de petits coeurs, comme elle disait. Alors je me suis rendue compte que ça, ça comptait.

Les MOTS d’AMOUR qu’on a reçu & qu’on a donné.

& je me suis dit que j’avais trouvé l’axe de mon tri pour la BRADERIE de MOTS & de lettres que je fais au Magasin de MOTS ce samedi. J’ai gardé les MOTS qui content (Oui, oui je l’ai bien écris), & que j’allais mettre en vente.  Je me débarasse de tous les MOTS que je n’ai pas fabriqué & dont je ne sais pas ce qui a été mis dedans. Avec quels intentions ils ont été conçus.

Ainsi, j’ai pu faire tout simplement mon tri, & ne garder que LES MOTS qui disent l’AMOUR. Ce n’était pourtant pas compliqué! & comme tout ce qui n’est pas compliqué, on met souvent longtemps à le trouver.

& toi,

dis moi en commentaire (ou mail, ou message privé, enfin comme tu fais toi quoi!)

qu’est-ce que tu trouverais important de garder

& qu’est-ce que tu vas jeter?

 

 

2 réflexions au sujet de “La BRADERIE des MOTS”

  1. j’aime bien ta façon de dire, de penser et d’écrire. C’est tellement juste ce que tu racontes !
    Moi, c’est quand j’ai dû préparer mon container pour quitter la France (direction la Polynésie, tu te souviens ? lol) que je me suis rendu compte de tout ce qu’on peut garder d’inutile. On est tellement encombrés physiquement que l’on devient encombrés moralement !
    Mais on a beau le savoir, après chaque tri on recommence à collectionner les inutilités…
    Peut-être pour garder une trace de ce dont on n’a pas assez profité ?!

  2. Coucou ! C’est amusant… Car quand je suis passée au magasin, j’ai été étonnée de ces lettres colorées dans leurs boîtes transparentes. Je trouvais que ça ne collais pas “dans le décor” et j’étais curieuse de comment elles étaient arrivées là.
    Trier en gardant ce qui nous fait vibrer… C’est ce que j’ai commencé à faire dans ma penderie (merci Marie kondo) et au travail…et c’est délicieux !
    Bon tri à toi, bise

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