Défricher le chemin

 

Le dimanche en fin d’après-midi avec ma fille Zélie (10 ans),

on part sur le chemin de l’aventure.

En fin d’année dernière, on a emménagé dans une nouvelle ville. Une toute petite ville. Près de la grande ville où on habitait. On a cherché longtemps. Enfin, j’ai cherché. Pendant 4 ans, en fait. A raison d’une maison visitée par semaine environ, je te laisse faire le calcul. (Et là, tu vois la tête de Stéphane Plaza, quand les gens lui annoncent qu’ils ont fait plus de 30 visites…En mode oulalala, ça va être des casses-couilles ceux-là!).  SAUF que PARFOIS tu trouves. Mais les choses ne se font pas. Nous on a trouvé. Deux fois. On a trouvé deux maisons de “nos rêves”. Deux endroits, où on s’est dit qu’on vivrait bien là (même plus que deux, mais je ne compte pas les maisons où j’avais déjà la lettre de proposition dans la poche, avant de visiter, et ou trois personnes avait la même chose avant moi). On a failli acheter deux maisons. & puis ça ne s’est pas fait (une fois à cause de nous, de mon incapacité à reprendre un emploi salarié & de l’état de mes comptes bancaires, l’autre fois, parce que la maison s’est fissurée littéralement de haut en bas, juste avant la signature définitive), & comme me l’a dit Zélie, une fois où on était garée face à NOTRE maison: “Tu vois Maman, si ça ne s’est pas fait avant c’est parce que c’était celle-là!”.

Quand t’es paumée, tu peux toujours aller discuter avec un enfant de dix ans ou moins.

& lui demander ce qu’il ferait, comme normalement il devrait le faire avec toi.

Tu verras, c’est édifiant.

C’est pas pour rien qu’on utilise l’expression “C’est un jeu d’enfant”, pour dire c’est FACILE!

MOUAIS, MOUAIS, MOUAIS, je vois bien le discours. Je l’ai entendu plein de fois pendant mes recherches de l’idéale maison.

Dans la liste des lieux communs qu’on te sort dans ce genre de conversations.

Mais sur le moment, quand tu viens de te péter les dents, ça ne te console pas. Ce qui te fait du bien, ce sont les AMIES, qui disent: “PUTAIN, ça FAIT CHIER!!!”, avec toi. Et aussi qui tendent le point vers le ciel en disant “PUTAIN c’est quoi ce BORDEL? Ça suffit maintenant! Il est temps que LAROUTOURNE, elle tourne NOUDIDIOU”. Voilà, t’as juste besoin de ça. D’ailleurs la thématique de la Maison es une de mes obsessions de ces dernières années.

Je t’en avais parlé dans cette note de blog:

Une maison sous les étoiles.

Bon toi, t’as pas bougé. Moi je suis partie loin. Mais me revoilà, par un dimanche ensoleillé en fin d’après-midi, avec mon sécateur dans la main. Prête à parcourir le chemin de l’aventure avec ma fille. Parce que, bon, Zélie a dix ans (bientôt onze). Alors quand il s’agit de la faire bouger pour prendre l’air, j’ai tout intérêt à lui trouver une motivation au départ. Ensuite, elle respire. Elle tourne son nez vers le soleil, et elle dit : “Aaaaah, ça fait du bien”. Mais c’est comme la piscine, il faut se pousser un peu au cul pour y aller, mais après t’es contente. Avant, c’est flemme & petits arrangements avec soi-même.

Je lui ai donc dit qu’on emmenait un sécateur

pour défricher le chemin.

Et là, tout  de suite, elle était plus motivée. Ce chemin, je l’ai trouvé en poussant un peu plus loin que le parcours de santé. Enfin en allant faire un tour ailleurs, pour voir si j’y étais.

Et devine quoi? J’y étais!

C’est un petit chemin qui longe l’eau. Il est vraiment au ras de l’eau. Il longe la Moselle qui est très, très large à cette endroit. Au début du chemin, on voit des péniches parfois. On longe la maison de l’écluse, puis l’arrière des jardins & à un moment on bifurque sur la gauche dans un tout petit passage au milieu des buissons. La première fois que j’ai marché là, je n’étais même pas certaine que j’avais le droit. Mais c’était un dimanche matin, il n’y avait personne, alors j’ai pris le gauche. J’ai longé le bord de l’eau. J’ai vu des terriers non identifiés. J’ai vu la terre retournée visiblement pas des sangliers. Je suis rentrée à la maison en disant à Zélie:

“J’ai trouvé un petit chemin de l’aventure!”,

je t’emmènerai.

Tu penses bien que Zélie a été emballée. La première fois, je n’ai pas poussé trop loin. Et puis petit à petit, on a continué. On a poussé un peu plus loin à chaque fois parce que quand je vais marcher je n’aime pas revenir sur mes pas. Tiens, tiens. Ce n’est pas très bizarre ça. J’ai même fini par trouver une boucle qui nous fait passer dans les petits chemins au milieu des jardins et qui nous évite presque de marcher sur les trottoirs bien rangés. & il m’a permis d’apprendre un truc à Zélie. Au milieu du chemin qui passe donc ENTRE les jardins et qui m’a tout l’air d’être un chemin municipal, on est tombées sur une petite porte, du type de celle qui ferme les jardins. Elle était juste maintenue par un loquet. Fermée mais pas à clef. Du coup, alors que Zélie allait rebrousser chemin, j’ai ouvert le loquet, et pousser la porte. Puis je l’ai remise comme elle était. Ainsi elle empêchera ceux qui tiennent compte de sa présence de passer. Les autres feront comme moi. Ils la pousseront pour aller de l’autre côté. Là où ils voulaient aller. C’est quand même pas une porte même pas fermée à clef, qui va nous empêcher d’aller où on a décidé, si?

Ce chemin, d’autres que moi l’ont emprunté avant, visiblement. Mais pas tant que ça. Car il est quand même un peu accidenté. Quand même un peu parsemé de ronces, de troncs d’arbres tombés au sol, de trous, de bosses, de petits rochers, sur lesquels il faut sauter pour traverser, et il y a un passage où quelqu’un à débroussailler de quoi se faufiler entre le mur et les ronces mais ça reste quand même compliqués de passer. & à la fin du chemin à l’endroit où on remonte vers la route il y a deux propriétés qui ont mis une clôture électrique pour l’une et un panneau indiquant que leur propriété va Jusqu’à l’EAU!!! Moi dans le doute je me suis appliquée la règle qui prévaut en bord de mer. On ne privatise pas le bord de l’eau point. Pis je ne fais rien de mal, je ne fais rien que passer. Ce dimanche-là on a pris notre sécateur pour mieux dégager le passage.

Pour nous d’abord,

& si ça peut servir à d’autres ensuite,

tant mieux.

Zélie a commencé à couper tout ce qui dépassait, mais les ronces ça pique.  Assez rapidement, ça ne l’a plus amusé. Alors j’ai repris le sécateur et j’ai continué à tailler tout le long du chemin. & je me suis dit que je t’en parlerais. Que peut-être tu ferais le parallèle dans ta tête, comme je l’ai fait. Avec le travail qu’on s’est attribué pour notre passage ici. Enfin, hier je suis allée nettoyer mon jardin. Enfin j’ai commencé. C’est extraordinaire. J’ai toujours vu ma mère faire, mais je commence à toucher du doigt la philosophie du jardin. Parce que cette fois il s’agit du mien. Enfin pas encore tout à fait. Cette année j’ai décidé de ne pas trop y toucher. Je veux regarder ce qui va pousser. Ce que la dame qui avait cette maison avait plantée de son côté. Déjà en ce mois de Printemps j’ai eu la surprise de découvrir un matin, du jour au lendemain que des jonquilles avaient éclot pendant la nuit. Mon frère m’avait proposé de venir débroussailler le terrain. Chai pas pourquoi quand on a emménagé les copains garçons nous ont tous proposé ça. Venir débroussailler le terrain. Mais moi même si je trouve ça hyper gentil, je préfère le faire à la main. Et prendre chaque plante chaque ronce et réfléchir à sa présence, regarder comment elles poussent et voir ce que je vais en faire. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai mis des graines aux mésanges pour qu’elles n’aient pas à s’inquiéter de se nourrir le temps qu’elles voient leurs œufs écorent et qu’elles élèvent leurs petits. ET puis j’ai trouvé un orvet, endormi à la coule sous son caillou, il a soulevé un œil lorsque j’ai pris sa maison et que je l’ai soulevé. Mais il n’a pas bougé.

 

Mais du coup, je me demandais,

TOI, c’est quoi ton rapport au jardin?

Comment tu cultives le tien?

Tu me raconterais en commentaire, comment il est?

Et ce que tu en fais?

(Et c’est pas parce que t’habite un appartement, que t’as pas une idée de ta façon à toi de cultiver hein!).

 

2 réflexions au sujet de “Défricher le chemin”

  1. Mon jardin ça fait plus de 15 ans que je le travaille, avec mon chéri d’abord et puis maintenant aussi avec mon fils. Cette année, on a décidé d’investir encore plus notre potager, un potager fleuri évidemment! L’année dernière j’ai réalisé un de mes rêves, avoir des poules. On a 4 poulettes maintenant et c’est trop le bonheur…

    Comme c’est le printemps, on est à fond, on rêve de notre jardin on commence à travailler petit morceau par petit morceau. Mais je me dis que c’est aussi peut-être le bon moment pour travailler mon autre jardin. Celui de ma créativité qui s’était endormi pendant presque deux ans, comme un très long hiver. Pour l’instant je défriche encore. Je m’apprête à faire des essais de semis et de plantations un peu comme si je n’y connaissais rien du tout en jardinage! C’est plutôt dur parce que c’est le début et qu’il y a (presque) tout à faire!!! Il va falloir de la patience et de la persévérance, pas mal de confiance aussi. Mais je me dis que ça vaut le coup de cultiver ce jardin là, j’ai pas envie de laisser la terre à nu, ni de laisser les ronces l’envahir…

    Un peu comme toi qui vient de trouver ta maison, moi j’ai l’impression que je viens d’acquérir un lopin de terre. J’ai une maison en vrai, j’ai un jardin en vrai et maintenant me voilà propriétaire d’une petite parcelle dans l’espace de la création, que je vais m’appliquer à faire devenir un jardin…mais pas n’importe lequel! Le mien.

    Je te le ferai visiter dès que je pourrai, même un peu en friche.

    Bisous et merci pour cette note de blog qui tombe à pic et m’a inspirée, m’a permis de mettre en mot des idées qui trottaient dans ma tête!!!

  2. Mon jardin il est grand, beaucoup d arbres peu de fleurs,avec les années on les achète
    Mais le votre,votre chemin ils sont “alléchants” on a tout de suite envie de les empruntés
    J aime votre folie narrative,continuez faites nous rêvez comme vous savez le faire

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